❯ Parfois, je me demande si je n’étais pas destiné à tout cela depuis ma naissance, je passerais assez brièvement sur mon enfance car il n’y a pas grand-chose à en dire. Seul et unique enfant de mes parents, j’ai vécu une enfance ordinaire. Mes parents étaient de pieux chrétiens, très pratiquants, alors, les dimanches à l’église, je connais ça par cœur. Au début, cela ne me dérangeait pas vraiment, j’étais jeune, je suivais donc mes parents partout. Et quelque part, au fond de moi, je trouvais cela assez rassurant de penser que quelqu’un veillait sur vous, alors je me pliais aux prières et autres pratiques sans ronchonner, me demandant comment les autres faisaient pour ne pas vouloir également d’une telle chose ?
En grandissant, je me suis rendu compte que notre mode de vie n’était pas très répandu, même la famille proche ne semblait pas être aussi croyante que nous. Ma cousine, Juliette, passait le plus clair de son dimanche à dormir tranquillement dans son lit sans être inquiétait par ses parents. Dire qu’elle était plus libre ne serait pas exagérer, et puis, elle ne cessait de me répéter que c’était ridicule de penser que quelqu’un d’autre que nous même était maitre de notre destin. Je ne compte plus le nombre de discussion que nous avons eu sur la religion, elle qui n’était pas particulièrement croyante prenait un malin plaisir à me taquiner à ce sujet. Souvent je le prenais à la rigolade, mais parfois cela m’agaçait de voir que l’on remettait sans cesse en cause mon mode de vie.
Et puis l’adolescence a frappé, moi le petit timide du lycée, j’ai commencé à vouloir sortir, m’amuser avec mes amis et cela m’éloigner forcément de l’église au grand malheur de mes parents qui me faisaient sans cesse la morale. Je pense que j’ai fait une overdose de croyance, j’avais besoin de m’éloigner de tout cela. J’ai commencé à passer plus de temps avec ma cousine, me rendant alors compte que ses parents menaient une existence assez étrange. Souvent absent, ils laissaient Juliette seule sans la moindre crainte, et je trouvais cela absolument formidable car ce n’étaient pas mes parents qui auraient cette confiance là en moi. D’ailleurs, ils avaient de plus en plus de mal à me laisser aller chez eux, comme s’ils voulaient me cacher quelque chose. J’étais soupçonneux, et j’avais bien raison de l’être ! Je pense ne jamais oublier cette soirée passer chez Juliette, on était que tous les deux, avachis dans sur son lit, les yeux rivés sur le film comme deux mouches devant de la lumière quand quelqu’un a frappé à la porte. Je n’ai pas compris tout de suite quand Juliette m’a hurlé d’aller me réfugier à la cave, il m’a fallu un certain temps avant de réagir et je l’ai vu en prise avec un homme qui se mettait à hurler de douleur lorsqu’elle lui jetait de l’eau au visage. J’ai encore plus pris peur lorsque je suis descendu dans la cave, cet endroit sombre dont les murs étaient recouverts de symboles tous plus étrange les uns que les autres. Incapable de faire quoi que ce soit pour aider ma cousine, je suis resté tel un peureux, bien sagement à l’abri dans la cave, jusqu’à ce qu’elle fasse son apparition, un grand sourire sur les lèvres. La discussion que nous avons eue par la suite a changé à tout jamais ma vie ! De ce qu’elle m’a raconté ce soir-là, j’ai simplement retenu que mes parents étaient des hypocrites qui étaient si croyants dans l’espoir que Dieu les protège d’attaque comme nous venions d’en vivre. Juliette m’a également raconté que ses parents étaient des chasseurs, qui en plus de traquer les démons, traquaient tout ce qui n’avait rien à faire sur cette terre, parmi les humains.
A partir de ce jour, ma foi en Dieu n’a fait qu’augmenter, mais celle en mes parents a totalement disparu. Ils paraissaient si misérables à mes yeux, incapable de se battre, j’ai donc décidé d’embrasser ma destinée et j’ai quitté mes parents pour aller vivre avec Juliette et ses parents. Je n’ai jamais vraiment chassé, j’étais plutôt là pour aider mon oncle et ma tante, je faisais les recherches qu’ils demandaient pour leur faire gagner du temps, Juliette elle, ne cessait de réclamer le terrain. Elle a finalement obtenu gain de cause, et notre petit groupe a tenu plusieurs mois. Nous étions plutôt bien organisés, cela fonctionnait à la perfection et Juliette se perfectionnait de plus en plus, j’étais impressionné de voir que sous ses airs de petite chose fragile, elle était une très bonne chasseuse. Mais tout a basculé quand elle est rentrée seule, les yeux rougis et la rage au ventre. Ses parents avaient perdu la vie dans une chasse aux démons qui a mal tourné, que lui dire ? J’étais incapable de trouver les mots pour la réconforter, alors je me suis contenté de la prendre dans mes bras jusqu’à ce que ses pleurs se tarissent. Je ne l’ai jamais revu pleurer depuis. Nous sommes restés en duo un petit moment, j’allais un peu plus sur le terrain même si je n’aimais pas vraiment ça. Et puis, il y a eu cette nuit assez étrange. J’étais parti chercher de quoi grignoter de quoi manger tandis que Juliette était en grande discussion avec les frères Winchester. La nuit était dégagée, je pouvais voir les étoiles, lorsque, sorti de nulle part, un éclair m’a frappé. J’ai pensé mourir, et j’ai surtout pensé à un démon, mais en réalité, j’avais été choisi pour être un prophète : capable de lire et transcrire la parole de Dieu lui-même. Avec cela est également apparu les visions devenues aujourd’hui mon pire cauchemar. Si je n’ai pas été emballé à l’idée de rejoindre les brigades, j’aimais l’idée de pouvoir mettre à disposition mes capacités, mais quand mes visions n’ont cessé de mettre en scène encore et toujours le même chasseur, j’ai commencé à détester mes nouvelles capacités. C’est perturbant de rêver d’un autre homme, surtout d’un homme qui me fait autant d’effet. Drake. Monsieur yeux verts qui me font complétement craquer. Je ne me suis jamais posé de question sur mon orientation sexuelle, car je n’en ai jamais eu l’occasion ou le besoin, je n’ai jamais eu de relation amoureuse alors à quoi bon… Dans tous les cas, je ferais tout pour que Drake ne mette pas notre mission en péril à cause d’une amourette que je vois naître en vision et qui met en danger notre brigade entière. Alors je le suis, dès que je le peux, dans l’espoir de ruiner ses plans ou de découvrir l’identité de la personne à qui vont ses sentiments.