❯ 24 juin 2007
Bon, alors comment j’en suis arrivé là ?
Là, je précise, désignant ma situation actuelle. C’est-à-dire dans une voiture qui a plus sa place dans une casse qu’en circulation, en train d’écrire dans un journal intime (pourquoi ai-je l’impression d’avoir été amputé d’une partie de ma virilité rien qu’en écrivant ça ?) comment ma vie a foiré, avec à côté de moi un type qui m’emmène à l’autre bout de l’état alors que j’ai dû le voir deux fois dans ma vie. En plus, c’est super, il me jette des coups d’œil qui disent clairement « mais qu’est-ce qu’il fout encore cet abruti ? ». Pas que ça l’intéresse vraiment. Ce n’est pas non plus comme si j’allais lui dire. J’aime bien Cyrius (non mais franchement, qui s’appelle Cyrius de nos jours ? Et le pire c’est que ce n’est sans doute pas son vrai nom. Donc ça veut dire qu’il a sciemment choisi ce pseudo. Bon, au fond ce n’est pas si mal. Ça pourrait être pire j’imagine). Bref, qu’est-ce que je disais ? Ah oui, j’aime bien Cyrius (non non, ce n’est pas une tentative d’auto-persuasion). Mais même si je ne le connais pas vraiment, je sais déjà que c’est un con. J’espère que c’est juste selon les situations et que ce n’est pas une constante dans son caractère. En plus ce n’est même pas moi qui ai eu l’idée du journal, c’est Dwayne qui me l’a conseillé !
Voilà qui m’amène à mon but principal, dont je m’éloigne un peu car j’avoue que les digressions sont ma spécialité. Je tiens à raconter ce qu’il s’est passé, et ce qu’il se passera. En espérant que je ne serai pas mort d’ici le mois prochain. Cyrius m’a dit que ce n’était pas garanti. C’est vraiment quelqu’un de très réconfortant.
Je suis né et j’ai grandi à Cardiff. Tout allait bien dans le meilleur des mondes, j’avais les soucis d’une personne normale : les filles, les cours, les réunions de famille etc. Ça me paraît lointain et un peu abstrait maintenant. Je ne peux pas dire que ça me manque, cela ne servirait à rien de toute manière. Tout ça a commencé à mal tourner lors de la mort de mon père et de ma grande-sœur. Assez étonnement dans le monde dont je fais à présent partie, leurs morts n’avaient rien de surnaturel. A moins que le conducteur de la semi-remorque qui les a fauchés ait été un démon. Mais ça m’étonnerait fortement. J’étais jeune quand ça s’est produit, à peine 17 ans. Ça aurait pu me détruire complètement, me rendre instable mentalement. J’aurais pu devenir dealer ou tueur en série. Mais non, c’est douloureux, mais c’est comme toutes les douleurs, elle finit par s’estomper avec le temps. Ma mère, par contre, a eu de sérieux problèmes de paranoïa et d’alcool après ça. J’imagine qu’on ne peut pas tous échapper aux clichés. J’avais aussi une petite-sœur. Enfin, je l’ai toujours, elle est toujours en vie, du moins je crois. Je ne sais pas ce qu’elles sont devenues maintenant. Mais vu ce qu’est ma vie à présent, ce n’est sans doute pas plus mal de ne pas avoir gardé le contact. Peut-être que j’aurais dû être plus présent pour elles. A l’époque, j’étais assez égocentrique (pas que ça ait vraiment changé, mais maintenant on peut dire que j’assume). Je pensais ma voie toute tracée, et je me concentrais là-dessus.
Nous étions une famille catholique très pieuse. Après l’accident, ma mère avait perdu la foi. Elle s’est mise à en vouloir à notre prêtre, à l’église, à Dieu. Je me demande si elle aurait été aussi furieuse, aussi désespérée, si elle n’avait pas été croyante.
De mon côté, je m’étais toujours destiné à entrer dans les ordres. Alors dès que j’ai pu, je suis allé aux Etats-Unis, et je suis rentré au séminaire. J’ai rencontré Dwayne 4 ans après mon arrivée. Je ne me rappelle pas bien de cette nuit-là. Mes souvenirs sont flous et confus à cause du choc émotionnel que ça a été pour moi à l’époque, et ce n’est sans doute pas plus mal. Je me souviens simplement que j’étais dans une ruelle, au mauvais endroit, au mauvais moment. J’ai vu quelque chose que je n’aurais pas dû voir.
Comme je l’ai dit, je ne me rappelle pas de grand-chose, et donc fort heureusement, je ne me souviens pas avec précision du visage de la pauvre femme assassinée par la première créature surnaturelle que j’ai rencontrée. Un vampire. Saloperie. Cependant, je me rappelle très bien de l’effroi que j’ai ressenti lorsque le monstre s’est rendu compte de ma présence et s’est retourné vers moi. C’est Dwayne qui m’a sauvé ce soir là, en décapitant la créature d’un coup sec avec une hache. Sur le moment, je n’ai pensé qu’à le remercier, et lui-même m’a dit que c’était plutôt lui qui devait me dire merci d’avoir servi de distraction. Il m’a demandé de le suivre, et il m’a entraîné dans un bar. Mes principes m’avaient jusqu’ici retenu de boire de l’alcool, mais ce soir-là c’était bien le dernier de mes soucis. Ma toute première gorgée n’est d’ailleurs pas restée bien longtemps dans ma bouche, je l’ai recrachée sur le comptoir sous l’œil mauvais du barman. Cela avait plus à voir avec Dwayne m’expliquant ce qu’était la créature, qu’avec le goût amer du whisky. Il a continué à me raconter ce qu’il faisait là –détruire ce qu’il soupçonnait être un nid de vampires– tout en me tapotant le dos pendant que je recrachais mes poumons, histoire de ne pas se sentir coupable pour non-assistance à personne en danger, j’imagine. Cette nuit-là, je découvris la signification du métier de chasseur. Il m’a ensuite raccompagné chez moi, en me faisant promettre de ne rien dire, et surtout de rester tranquille. Je m’étais esclaffé en lui demandant POURQUOI aurais-je bien pu vouloir être mêlé à ça.
J’étais toujours en train de me poser cette question lorsque j’ai fait la chose la plus stupide à faire sur le moment (et la plus stupide que j’ai jamais faite, du moins jusqu’à présent). Je l’ai suivi. Et j’ai vraiment eu beaucoup de chance de m’en sortir vivant. Pour être exact, je dois surtout ma survie à Dwayne, ses talents et son expérience. Je veux bien avouer que dans cette histoire, j’ai plus été un boulet qu’un partenaire. Mais le nid a été détruit, les vampires décapités. Dwayne est vraiment un grand chasseur. Il m’a dit qu’il avait grandi dans cet univers, et qu’il avait l’impression d’avoir passer sa vie à apprendre à se battre contre ces monstres. Et cet homme a déjà la quarantaine, c’est dire si ça fait long. Je réalise maintenant à quel point il a été gentil de ne pas m’en coller une, et pourtant je l’aurais bien mérité, ma bêtise aurait pu nous coûter la vie à tous les deux. Cette nuit a été la plus effrayante, mais aussi la plus incroyable de mon existence. C’était comme ouvrir les yeux après des décennies de sommeil. Découvrir le monde de l’ombre et les créatures qui nous entouraient. C’était terrifiant, mais à ce moment-là, j’y ai également vu la preuve que ma foi n’était pas vaine, que mes croyances étaient bien fondées. Que pouvaient être ces choses si ce n’est les envoyés du Diable ? Mais Dwayne n’a jamais vu les choses de cette façon, Cyrius non plus d’ailleurs.
Le chasseur est parti le lendemain, et je ne l’ai revu que 3 ans plus tard, un peu après mon ordination. Peut-être était-ce le destin. Ou peut-être était-ce juste une sacrée coïncidence ! J’étais venu rendre visite au Père Sébastien qui se trouvait à New York. Quelles étaient les chances que je tombe de nouveau sur le chasseur ? La vérité, c’est que le Père me confia plus tard que c’était lui qui avait appelé Dwayne, qu’il connaissait depuis quelques années, pour que celui-ci enquête sur une série de suicides étranges et anormalement sanglants. C’est à cette occasion que j’en appris plus sur les démons, sur la chasse, mais c’est également là que je fis la rencontre de Cyrius. Je sais que celui-ci préfère travailler seul, mais Dwayne lui avait demandé son aide sur cette affaire, et il n’avait pas pu refuser. J’ai été surpris de les voir, mais je ne pensais pas refaire la même erreur que la première fois.
J’y ai pourtant bien été obligé quand le Père Sébastien disparut. Il était mon mentor lorsque j’étais au séminaire, et mon ami. Malgré les protestations de Cyr’, Dwayne avait accepté que je les accompagne, j’étais dans la paroisse depuis plus de deux mois, et étais donc familier de l’endroit et de ses habitants. Je connaissais aussi les exorcismes, et avais déjà prouvé mon entêtement.
La mission fut une réussite pour les chasseurs, mais un échec pour l’homme que j’étais. Le démon avait été renvoyé en enfer, mais le Père était mort. Nous avons effacé toute trace de notre intervention, et la police n’eut rien à me reprocher. Mais je ne pouvais simplement plus ignorer ce que je savais.
Voilà quelques minutes déjà que les deux se disputaient. Le plus jeune des trois hommes se tenait légèrement à l’écart, entre les deux chasseurs. Il avait l’impression d’observer un match de tennis. Avec des flammes comme filet, et une bombe à la place de la balle. C’est seulement lorsque Dwayne commença à sérieusement s’énerver, qu’il se dit qu’il était peut-être temps qu’il songe à intervenir. Quoi que.
« Et rappelle moi encore en quoi c’est ton problème, Cyr’ ?! Il sait déjà que toutes ces pourritures existent ! Notre ami vient de mourir à cause de l’une d’entre elles ! Alors dis-moi en quoi c’est mal qu’il veuille apprendre à se défendre ?! C’est normal ! C’est le choix que nous avons fait, nous aussi !
- Apprendre à se défendre c’est une chose, devenir chasseur en est une autre ! Mais enfin, regarde-le ! Il a quoi ? 20 ans ? 25 grand maximum ? Il ne sait pas ce qu’il dit, il ne se rend pas compte ! Enfin quoi, ‘faut déjà pas avoir beaucoup de jugeote pour devenir prêtre… »
Rhys, bien que nullement vexé par ces paroles (chacun son point de vue), se décida finalement à prendre la parole :
« Je sais parfaitement ce que je fais. Et je sais que si je peux aider à…disons lutter plus activement contre ces démons, et toutes les créatures qui s’en prennent à des innocents, je n’ai pas à hésiter. Je pense que notre rencontre n’était pas un hasard, mais un message divin… »
Il fut interrompu par l’éclat de rire de Cyrius qui, une fois qu’il se rendit compte qu’il était parfaitement sérieux, se coupa net. Rhys était impressionné par la capacité qu’avait l’autre de pouvoir jeter un regard qui pouvait tout à la fois dire « t’es sérieux, là ? », autant que « mais qu’est-ce qu’il est con, celui-là ! ».
Même Dwayne eut un haussement de sourcils révélant que son opinion sur la question n’était pas beaucoup plus différente. Les deux chasseurs se lancèrent un regard de connivence, leur désaccord momentanément oublié, avant que le plus vieux ne se décide finalement à lui répondre :
« Fiston, tu sais que je te soutiens dans cette histoire, et je suis prêt à t’apprendre ce qu’il faudra. Mais…une mission divine ? Tu veux dire Dieu ? Ecoute, après ce que tu as vu, tu sais que les démons existent….mais Dieu et tout ça… »Il hésita un instant, tandis que son partenaire eut un bref ricanement amer, « Tu sais, on apprend beaucoup de choses. On voit aussi beaucoup de choses. Des choses pas jolies, fiston. Des choses qu’on préfèrerait n’avoir jamais vues, crois-moi. Alors je ne sais pas si Dieu existe, je ne pense pas. Mais dis-toi bien que si c’est le cas, c’est un bel enfoiré. Donc je préfère penser que non. »
Rhys observa tour à tour les deux chasseurs, médusé. Il ne comprenait pas encore comment, justement, après avoir assisté à tout ça, il était possible qu’ils n’aient pas la foi.
« Les Hommes sont si prompt à croire au Diable, mais lorsque Dieu leur tend les bras ils restent sceptiques. Pour moi l’existence des démons est une preuve suffisante. Et je pense que vous, les chasseurs, ceux qui se destinent à combattre ces monstres des enfers, êtes également une bonne raison de le croire. »
Dwayne lui tapota l’épaule en murmurant un « si tu’l’dis, mon gars », tandis que Cyrius émit un grognement exaspéré.
« Les hommes de Dieu n’ont rien à faire dans une chasse, crois-moi. Il n’y a rien d’épique, rien de noble là-dedans. Tu finiras déçu, désespéré et encore plus aigri que nous, je te le garantis. Mais c’est comme tu voudras, tu ne pourras pas dire que je ne t’ai pas prévenu, mon père. »
J’avais donc demandé à Dwayne de m’enseigner ce qu’il y avait à savoir, et c’est ce qu’il fit pendant un temps. J’ai tenté d’apprendre les bases de la chasse, tout en remplissant mes obligations auprès de l’Eglise. Puis, nous nous sommes séparés. On me confia la charge d’une paroisse dans le fin fond du Texas, et ce qui semblait être une longue mission attendait Dwayne de l’autre côté du pays. Je n’étais bien évidemment pas un chasseur ; plus qu’un métier, un mode de vie comme il dit ; mais je n’étais plus aussi inutile qu’avant. Pendant les années qui suivirent, j’eus l’occasion de l’aider dans quelques affaires ayant lieu dans l’état. J’avais des responsabilités, et je ne pouvais pas trop m’éloigner, et définitivement pas le suivre.
Maintenant j’ai la trentaine (je me retiens vraiment de ne pas pleurer, mais je me dis que l’âge ne m’a pas encore privé de mon physique d’apollon, c’est déjà ça), et il n’y a pas longtemps, j’ai reçu de ses nouvelles sous la forme d’une lettre dans laquelle il me racontait son affaire actuelle.
A peine quelques jours après, Cyrius est venu frapper à ma porte, et m’a demandé de le suivre. Il m’a rapidement expliqué qu’il avait lui-même reçu un appel de Dwayne il y a de cela deux jours, et que nous devions nous rendre au plus vite auprès de lui. Apparemment les choses se seraient aggravées, et il lui aurait demandé son aide, ainsi que la mienne car il n’avait pas le temps de lui expliquer de quoi il s’agissait, et que moi de mon côté j’étais déjà au courant de ce qui se tramait là-bas. D’où ma présence dans cette voiture avec l’autre tâche (si si, je l’aime bien).
1er juillet 2007
Dwayne est mort. Nous sommes arrivés trop tard. Encore. Je crois qu’en cet instant, je comprends le manque de foi de Cyrius. Et sa colère.
12 janvier 2008
Je suis resté à l’église quelques mois. Je ne savais pas quoi faire. Mais je suis reparti. En ce moment, je suis de nouveau avec Cyrius. Des cadavres dont les cœurs ont été arrachés ont été retrouvés dans la ville d’à côté. Nous faisons équipe pour l’instant, et nous garderons contact, mais je ne pense pas rester longtemps avec lui après ça. Ce qu’il s’est passé, ces démons qui ont assassiné notre ami, ça le rend malade. Il a encore besoin d’être seul, et je pense que si on restait trop longtemps ensemble, on finirait par s’écorcher vifs.
Le corps de la jeune femme n’avait sans doute pas encore eu le temps de refroidir. La police n’allait pas tarder à arriver sur les lieux, alertée par les coups de feu. Leurs coups de feu.
Elle ne devait pas avoir beaucoup plus que la vingtaine. Et eux ils étaient là, dans une voiture légèrement moins branlante que celle dans laquelle ils s’étaient retrouvés la première fois.
Il ne pouvait juste pas arrêter d’y penser.
« Cyr’, tu sais, j’étais en train de réfléchir…
-Tu veux quoi, des félicitations ? »
Rhys n’y fit pas attention, il était habitué à ce genre de remarques depuis le temps, et lui-même ne se gênait pas pour donner le même traitement à son partenaire.
« Je me disais…On n’avait aucune preuve qu’elle ait vraiment tué quelqu’un. On sait qu’au moins deux des trois victimes étaient celles de l’autre loup, et il n’a eu que ce qu’il méritait. Mais peut-être qu’elle n’avait rien fait, elle.
- Elle venait d’être transformée, si elle n’avait encore tué personne, ce qui, je te le rappelle est loin d’être certain, crois-moi que ça n’aurait pas tardé. Dis-toi qu’au pire on a empêché le meurtre d’autres personnes.
- Elle avait une famille, Cyr’ ! Un mari, un petit garçon d’à peine 2 ans, des parents !
- Les victimes aussi avaient des familles, Rhys !
- On aurait au moins dû lui laisser une chance ! Elle aussi avait une âme ! Avons-nous le droit d’être enquêteurs, juges, et bourreaux ?!
- Oui, et c’est précisément ça notre job ! Mais si ça peut te rassurer, dis-toi que si elle était vraiment innocente, le jugement divin l’enverra au paradis ! » Dit-il, la voix lourde d’ironie, « Dans le cas contraire, elle aura reçu la punition qu’elle méritait. »
Rhys préféra retenir la réponse acerbe qui menaçait de s’échapper d’entre ses lèvres. La conversation ne menait à rien, c’était inutile de continuer. Il colla son front contre la vitre, et commença à se laisser bercer par les vibrations de la voiture. Cette fois ce fut l’autre qui brisa le silence :
« Dis-moi, tu crois toujours que Dieu a quoi que ce soit à voir avec tout ça ?
- Dis-moi, t’en as pas marre de te comporter comme un abruti ?
- Et toi, t’en as pas marre de vivre ? »
Le plus jeune se releva légèrement et haussa un sourcil signifiant clairement « elle est bizarre ta question… » avant de répondre :
« …Non ?
- Alors tais-toi, et arrête de trop réfléchir. »
Rhys posa de nouveau sa tête contre le froid de la fenêtre, et ferma les yeux.
« Il faut bien que l’un de nous le fasse. »Murmura-t-il après un instant de silence.
L’autre se dit qu’il valait mieux ne rien répondre.
02 juin 2011
Ça fait une éternité que je n’ai pas écrit dans ce journal. Je n’en avais ni le temps, ni le courage. Aujourd’hui, cela fait 2 ans que Cyrius est mort. La sorcière que nous chassions est morte, mais lui aussi. J’étais là lors de ses derniers instants. Il m’a dit qu’il ne regrettait rien, qu’il connaissait les risques. Que chacun d’entre nous les connait, après tout. Et je sais qu’il a raison, mais ça ne rend pas les choses plus faciles.
Je repense à ma mère. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Mais maintenant je la comprends, je sais à quel point on se sent seul et en colère. C’est bien pire de se dire qu’il y a bel et bien quelqu’un là-haut (que ce soit Lui, où qu’il soit, ou bien ces enfoirés d’anges), mais que malgré tout personne n’en à rien à faire de nous, pauvres humains, que de penser dès le départ que tout ça n’est que la faute du hasard.
21 février 2014
A présent j’approche de la quarantaine (mais je suis sûr de faire au moins dix ans de moins, donc ce n’est presque pas déprimant). Je pense que c’est déjà un bel âge pour un chasseur. Je suis toujours célibataire, mais je sais que c’est pour le mieux. Je n’ai toujours pas vraiment de famille, mais je fais partie d’une brigade. Je ne suis pas seul, j’ai des frères d’armes. Je sais que je me bats pour la plus juste des causes. Je sais aussi que je mourrai sans doute dans les prochains mois. Ce sont les risques du métier, n’est-ce pas ?
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